Un concert éblouissant et un triomphe !
Dimanche 2 septembre 2012 à 17h30, était donné par Etienne Walhain, un concert d’orgue en la cathédrale de Tournai. Un seul commentaire : éblouissant !!
Ce jeune et talentueux organiste, titulaire des orgues de la cathédrale, a déjà à son actif un très beau parcours de concertiste. Il a interprété un programme de haut vol (Bach, Liszt et Franck) avec une maestria qui donne un aperçu de ses larges capacités, ainsi que du brillant avenir qui l’attend. Le public nombreux composé de plus de 350 personnes de toutes les générations, ne s’y est pas trompé et lui a fait un triomphe au terme d’une heure quinze de musique.
Je parlerai d’abord de sa virtuosité : son choix des Toccatas et fugues en do majeur et en fa majeur ainsi que du Prélude et fugue en ré mineur (de Jean Sébastien Bach) témoignent de son absence de complaisance. Ces œuvres sont, dans le catalogue des œuvres pour orgue seul de Bach, parmi les plus difficiles. Les jouer en ouverture de concert relève d’une pure audace, surtout aux tempi auxquels, sans faillir, les a jouées Etienne Walhain. De plus, il les a interprétées entièrement par cœur, de même que l’intégralité du programme qu’il a présenté. Les caractéristiques principales de son jeu sont clarté, musicalité et vélocité, étayées par une registration“ juste”, telles que voulues par le Père de la musique moderne qu’est J. S. Bach.
“Orpheus”, poème symphonique de Franz Liszt était présenté dans sa transcription pour orgue par Jean Guillou, un des plus grands organistes de notre temps et un des maîtres d’Etienne Walhain. Au cœur du programme, cette œuvre constitue la judicieuse transition entre l’harmonie classique du 18ème siècle et la modernité que César Franck apportera à la fin du 19ème siècle, annonciatrice de l’ère contemporaine. On est dans une atmosphère plus sombre, plus dramatique, qui dès le premier motif mélodique, lequel sera repris, répété, modulé, illustre parfaitement son sujet : l’interprétation de l’artiste a décrypté tout cela pour nous, toujours avec virtuosité, sens de la registration et une sensibilité utilisée à bon escient.
Musicalité est ma troisième impression dominante : le troisième choral de César Franck, une parmi ses nombreuses pièces maîtresses pour orgue, requiert chez l’organiste des qualités variées, où le rendu des différents plans sonores par la registration, la maîtrise du tempo et le sens de la respiration, donnent véritablement sa dimension à cette œuvre, qu’on pourrait sous-titrer “récit épique et symphonique”.
En notre belle ville de Tournai, nous avons la chance d’avoir, en plus de la beauté de notre cathédrale millénaire qui l’abrite, un grand-orgue qui tient sa place sans rougir aux côtés des autres grands instruments de cathédrale, et à la console pour le faire chanter, un véritable artiste, Etienne Walhain, au talent aussi grand que l’est sa modestie, pour nous faire vibrer par la majesté du son ou frissonner par la délicatesse de son jeu.
videos on youtube : http://www.youtube.com/resultssearch_query=etienne+walhain&page=1
L’orgue Ducroquet de 1854 (repris par Schyven en 1882) est pratiquement dans son état de la fin du 19ème siècle. Maître instrument de notre cathédrale, il mérite d’être préservé tout d’abord, et si possible agrandi. L’ASBL “MUSICA” s’y emploie, mais elle a besoin d’aide pour atteindre ses objectifs (www.cathedrale-tournai.be/musica).
Serge Médot